«Je suis une bordélique repentie. Tous les six mois, je trie mes placards, me jurant de me cantonner désormais au strict nécessaire. Jusqu’à ce qu’un objet mignon, sublime, prétendument indispensable, en promo, voire tout ça à la fois, me susurre: «Achète-moi!»
Quelques «bonnes affaires» plus tard (point commun: elles prennent toutes la poussière dans un coin), j’ai compris comment le désordre s’invitait chez moi. Difficile de faire la sourde oreille aux sirènes
de la consommation. Faut-il que j’investisse dans un catamaran, histoire d’avoir un mât auquel, comme Ulysse, je m’enchaînerais pour résister à leur chant? Ne sachant guère
où garer l’engin, je me suis assise dans mon rocking-chair. Il m’a coûté un bras, mais je n’en regrette pas un centime – combien de fois une idée a émergé de son doux balancement…
Ça n’a pas manqué: un fusible. Voilà ce qu’il me faut. Il tient en une phrase: «Ai-je vraiment besoin de ce truc maintenant?» Ces quelques mots me permettent de faire une pause, de revenir dans l’instant présent, dans la vraie vie. Ils me donnent un peu d’air. Dans 99% des cas, la réponse est: «Franchement, non!» Je passe alors mon chemin, me félicitant d’avoir réalisé une substantielle économie en n’achetant pas ces douze boîtes de tomates pelées qui se seraient ajoutées aux huit issues de la promo précédente. Et si vous essayiez, pour voir?»