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Durabilité et vins - L’accord parfait de la Maison Schenk

Évocation du vin et de la pérennité, c’est le liège qui habille les façades des nouveaux chais de la Maison Schenk, à Rolle (VD). Un projet architectural tout en symboles, qui s’inscrit dans la démarche d’écoresponsabilité de l’entreprise familiale. Visite guidée.

Texte Élodie Maître-Arnaud
Publié le
31
/
05
/
2024
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Cet article à été réalisé en partenariat avec:
Pourréaliser les nouveaux chais, François Schenk (à gauche) a fait appel  à l’architecte Jean-Frédéric Luscher.

Bâtir l’une des plus belles caves d’Europe. Telle est l’ambition de la Maison Schenk, qui prendra possession de son nouveau site de production dès les prochaines vendanges. Esthétique, mais pas seulement. Car l’entreprise familiale a également fait le pari de l’écoresponsabilité, sous la houlette de l’architecte genevois Jean-Frédéric Luscher, à qui elle a confié le projet. « Nous nous inscrivons dans la tendance du « moins mais mieux », en lien avec l’évolution de notre modèle d’affaire vers le développement durable », résume François Schenk. « Le site actuel était surdimensionné ; ce qui importe aujourd’hui n’est pas d’être grand, mais d’être juste. »

C’est à l’occasion d’un séjour dans un vignoble d’Afrique du Sud qu’il découvre le travail de Jean-Frédéric Luscher. Séduit par l’esthétique de sa réalisation – « une cave parfaitement intégrée dans son environnement, construite avec de beaux matériaux » –, il lui lance le défi de transformer les chais de la Maison Schenk en une élégante cité du vin écoresponsable. Chiche ! « Ce type d’architecture ne se résume pas à un bâtiment utilitaire », affirme l’architecte, qui a également signé plusieurs caves en Californie et en France. « Il faut aussi exprimer la typicité du terroir dans lequel il est implanté. »

Entre lac et coteaux

À Rolle, c’est entre lac et coteaux que le terroir s’exprime. Le nouveau plan de quartier y fait d’ailleurs écho, avec la cave dans sa partie nord et le futur écoquartier au sud – un projet immobilier développé par l’entreprise Halter, en symbiose avec la philosophie de la Maison Schenk. « Je trouvais intéressant que la forme des chais soit adaptée à ce futur quartier d’habitation, qui fera le lien entre la ville et la vigne », ajoute Jean-Frédéric Luscher. Pas de construction unique donc, mais une série de cinq volumes en bois, inscrits dans la pente et témoignant des étapes de la chaîne de production du vin : vinification des rouges et des blancs, administration, laboratoires, préparation à la mise en bouteille, mise en bouteille et expédition.

L’architecte a en outre tiré profit de la déclivité naturelle du terrain. Contrairement à la plupart des caves dont le plancher est à niveau, cette pente de 16 mètres permet une production dite gravitaire. Les grappes seront livrées sur la partie haute de la parcelle et tomberont dans les presses, en suivant simplement la pente. Le vin s’écoulera quant à lui vers les cuves, grâce à un pompage doux n’altérant pas sa qualité et nécessitant moins d’énergie.

Du low-tech pour durer

L’esprit durable de cet ensemble de bâtiments se reflète également dans le choix des matériaux. À commencer par le parti pris très symbolique des panneaux de liège du Portugal, en façade. Posé en double couche, ce matériau naturel dispose d’excellentes propriétés d’isolation thermique et phonique. Étanches et résistants, les panneaux peuvent être facilement remplacés et recyclés au fil du temps. Les charpentes, d’une portée de 24 m, mettent quant à elles l’épicéa vaudois à l’honneur. L’usage du béton (recyclé à 25%) est réservé aux planchers et aux murs porteurs, les autres éléments constructifs étant réalisés en bois ou en terre crue. Autant de matériaux naturels qui permettent de réduire l’empreinte de l’énergie grise des bâtiments, et dont la disponibilité future est garantie. « Nous avons à cœur de nous inscrire dans la durée », martèle François Schenk, dont l’entreprise a fêté ses 130 ans l’an dernier.

Cinq volumes en bois (en vert sur le plan ci-contre) témoignent des étapes de laproduction de vin. Au sud de la parcelle, le futur écoquartier. Partout, l’esprit durable de ce projet se reflète dans le choix des matériaux.

Des chais producteurs d’énergie

L’ensemble architectural fait également preuve d’une grande ambition sur le plan énergétique. Ainsi, aucune énergie fossile ne sera utilisée sur le site, qui intègre plusieurs sources d’énergie renouvelable. L’entreprise disposant d’une concession sur les eaux du Léman, l’énergie thermique des chais proviendra d’une station de pompage disponible pour le chauffage en hiver, le rafraîchissement en été, ainsi que pour l’eau chaude sanitaire. « L’eau ne fera que transiter par nos locaux, avec moins d’un degré de différence entre la température lors du pompage et la température lors du rejet », précise François Schenk. Les besoins thermiques seront également assurés par la récupération de la chaleur issue des fermentations. Cette chaleur résiduelle permettra de produire une partie de l’eau à 95°C destinée aux processus de production, en complément d’une pompe à chaleur haute température. La couverture des toitures plates des cinq halles par des panneaux photovoltaïques, combinés à une végétalisation, devrait enfin produire quelque 0,5 GWh de courant vert chaque année. Un concept énergétique global, qui doit également permettre d’alimenter le futur écoquartier en contrebas de la parcelle. Le Groupe Schenk a d’ailleurs créé en ce sens une société de production et d’approvisionnement en énergie.

Une première au nord des Alpes

Des pistes de revalorisation des déchets issus de la production du vin sont par ailleurs à l’étude. Il est notamment question de capter le gaz carbonique émis lors de la fermentation afin de le transformer en bicarbonate de sodium ou de potassium, pour des usages industriels. Soit un potentiel de 300 tonnes de CO2 par an. Autre projet en cours, la mutualisation de la récupération des déchets organiques (rafles de grappes, marcs de presse, etc.) en vue de leur méthanisation et de leur retour à la vigne sous forme de compost. « Nous menons une réflexion sur l’ensemble de la chaîne de valeur », relève François Schenk.

Jean-Frédéric Luscher se réjouit quant à lui que ce « projet passionnant » soit prochainement opérationnel et dévoilé au public. « Ce type de chais est une première au nord des Alpes », souligne-t-il. « J’espère qu’il constituera un modèle d’alternative durable aux caves classiques. Nous avons vraiment une responsabilité à investiguer l’utilisation de techniques plus naturelles dans l’architecture contemporaine, notamment pour les projets de grande échelle. »

Également disponible dans:
N° 3 - Mai 2024
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