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Le vrai/faux du gaspillage alimentaire

Fléau éthique, économique et environnemental, le gaspillage alimentaire n’épargne pas la Suisse. Mais que savons-nous exactement sur le sujet? Nous avons passé au crible sept affirmations pour démêler le vrai du faux.

Texte Élodie Maître-Arnaud
Publié le
14
/
12
/
2023
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Cet article à été réalisé en partenariat avec:

Les chiffres du gaspillage alimentaire ont de quoi donner le tournis. D’après le WWF, 2,5 milliards de tonnes de denrées comestibles seraient jetées chaque année dans le monde. Près de 40% de la nourriture produite ne serait ainsi pas consommée. «Ce gaspillage signifie que toutes les denrées produites entre le 1er janvier et le 26 mai 2023 ont terminé à la poubelle», affirmait l’ONG dans un communiqué de presse au mois de mai dernier, précisant aussi que plus de la moitié du gaspillage a lieu avant même que les produits arrivent dans les rayons des magasins. Un gâchis colossal, qui non seulement pose un problème éthique à nos sociétés, mais qui sape également des ressources naturelles précieuses. La production de denrées alimentaires a en effet un grand impact sur les sols ainsi que sur la consommation d’eau et d’énergie. Toujours selon le WWF, rien que les légumes et la viande de bœuf jetés représenteraient environ 1,4 million de tonnes de CO2 par année en Suisse.

Deux fois moins de gâchis en 2030

Conscient des enjeux du gaspillage alimentaire, le Conseil fédéral a adopté en avril 2022 un plan d’action contre ce fléau. D’ici à 2030, notre pays devra ainsi avoir divisé par deux les «pertes évitables» – c’est-à-dire celles qui concernent les parties comestibles de aliments – par rapport à 2017. Un objectif qui devrait permettre à la Suisse de réduire de 10 à 15% l’impact environnemental et les émissions de gaz à effet de serre dus à l’alimentation.

1 La Suisse génère près de 3 millions de tonnes de déchets alimentaires par an

VRAI. Selon une étude sur le gaspillage alimentaire réalisée par l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) en 2019, sur mandat de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), nous générons en effet chaque année, du champ à l’assiette, quelque 2,8 millions de tonnes de déchets alimentaires en Suisse et à l’étranger (lors de la production de denrées importées). Soit l’équivalent du chargement de 150’000 camions en file indienne de Zurich à Madrid! Des chiffres à mettre également en perspective avec ceux du poids du système alimentaire suisse, qui représente 28% de l’empreinte environnementale totale de notre pays. Un quart de cette empreinte provient des pertes alimentaires évitables. Ce gaspillage pollue ainsi autant que 39% du trafic automobile en Suisse pendant une année.

2 En Suisse, on gaspille davantage que dans les pays en développement

VRAI et FAUX. D’après l’ONG suisse Food Waste, la part de gaspillage alimentaire générée par les ménages dans notre pays est bien plus élevée qu’au Cameroun, par exemple. Pourquoi? «Parce que nous pouvons nous le permettre.» Un ménage suisse consacre en effet «seulement» 7% de son revenu à l’alimentation, contre 45% pour un ménage camerounais. Selon un rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les pertes alimentaires dans les pays industrialisés ne sont toutefois pas plus élevées que dans les pays en développement. Mais, dans ces derniers, elles se produisent surtout au niveau de la post-récolte et de la transformation des aliments. En cause notamment, les mauvaises conditions de stockage. Ce même rapport de 2011 indique que le gaspillage alimentaire par les consommateurs dans les pays industrialisés est presque aussi élevé que la production alimentaire nette totale en Afrique subsaharienne. Toujours selon la FAO, 828 millions de personnes dans le monde ont souffert de la faim en 2022.

3 Les ménages ont une grande part de responsabilité dans ce gâchis

VRAI. Selon Food Waste, nous générons 28% des pertes alimentaires évitables. Le dernier rapport de l’OFEV sur l’analyse de la composition des sacs à ordures, paru en novembre 2023, indique toutefois que la quantité de déchets alimentaires dans les poubelles a diminué en dix ans, passant de 60 kilos environ par personne et par an en 2012, à 50 kilos en 2022. Mais pourquoi ce gâchis? Pour cinq raisons, d’après l’ONG: nous allons faire des courses avant que le frigo ne soit vide; nous ne nous tenons pas à une liste de courses; lorsque nous faisons nos courses en ayant faim, nous achetons souvent plus que ce dont nous avons besoin; nous cuisinons des portions trop grandes  nous tenons compte uniquement des durées de conservation minimales.

4 Le pain est l’aliment le plus jeté en Suisse

VRAI. 55% du pain et des produits de boulangerie finissent à la poubelle, selon l’étude précitée. Et si les ménages génèrent plus de 120’000 tonnes de déchets de pain chaque année, l’un des auteurs de l’étude invite à ne pas négliger le rôle du commerce de détail dans ce gâchis: «C’est un acteur majeur de la réduction des pertes alimentaires par le fait qu’il exerce une grande influence à la fois sur les producteurs et sur les consommateurs.»

5 Il faut jeter les aliments dont la date de durabilité minimale (DDM) est dépassée

FAUX. Contrairement aux aliments qui ont atteint la date limite de consommation (DLC, «à consommer jusqu’au»), ceux dont la date de durabilité minimale (DDM, «à consommer de préférence avant le») est dépassée sont encore consommables. La DDM garantit en effet les qualités d’un aliment – consistance, couleur, odeur, goût, etc. Au-delà de la date indiquée, et pour autant que les conditions de conservation aient été respectées et que l’emballage ne soit pas altéré, il peut donc encore être consommé, après un contrôle visuel et olfactif attentif.

6 En Suisse, la plupart des déchets alimentaires sont valorisés

VRAI. En tout cas, si l’on prend en compte l’ensemble de la chaîne de valeur: la plupart des pertes alimentaires évitables sont en effet utilisées sous une autre forme. L’industrie agro-alimentaire en valorise ainsi plus d’un million de tonnes chaque année pour l’alimentation animale, selon l’étude de l’EPFZ. Mais si on se préoccupe uniquement des déchets alimentaires générés par les ménages, 53% d’entre eux finissent tout bonnement dans un sac-poubelle pour être incinérés. Mieux vaudrait pourtant les déposer dans le bac prévu pour les déchets organiques ou dans le compost du jardin.

7 L’empreinte environnementale est la même pour tous les déchets alimentaires

FAUX. Cela dépend beaucoup de leur composition et de l’étape de la chaîne de valeur ajoutée à laquelle ils sont produits, d’après les chercheurs zurichois. Les produits frais comme les fruits et les légumes ont ainsi un impact environnemental bien moindre que les aliments nécessitant beaucoup d’eau et d’énergie pour être produits et transformés. En haut de la pyramide du gaspillage le plus polluant, on trouve ainsi la viande, le café, le cacao, le beurre, les œufs, les produits importés par avion, les huiles, les graisses, le poisson et le fromage.

De quoi parle-t-on?

Le terme « gaspillage alimentaire » désigne la nourriture destinée à l’alimentation humaine qui est perdue ou jetée avant d’arriver sur nos tables. On parle également de «déchets évitables», par opposition aux «déchets inévitables», qui concernent les parties non comestibles des aliments (os ou épluchures de banane, par exemple).

Du champ à l’assiette, ce gaspillage peut se produire à plusieurs étapes:

agriculture ➜ fruits et légumes «moches», surproduction;

transformation ➜ sous-produits inutilisés, produits pas aux normes;

commerce de gros ➜ aliments altérés lors du stockage ou du transport;

restauration ➜ mauvaise gestion des stocks, restes de repas;

commerce de détail ➜ invendus périmés, produits abîmés;

ménages ➜ achats en trop grande quantité, produits périmés, restes de repas.

De quoi parle-t-on?

Le terme « gaspillage alimentaire » désigne la nourriture destinée à l’alimentation humaine qui est perdue ou jetée avant d’arriver sur nos tables. On parle également de «déchets évitables», par opposition aux «déchets inévitables», qui concernent les parties non comestibles des aliments (os ou épluchures de banane, par exemple).

Du champ à l’assiette, ce gaspillage peut se produire à plusieurs étapes:

agriculture ➜ fruits et légumes «moches», surproduction;

transformation ➜ sous-produits inutilisés, produits pas aux normes;

commerce de gros ➜ aliments altérés lors du stockage ou du transport;

restauration ➜ mauvaise gestion des stocks, restes de repas;

commerce de détail ➜ invendus périmés, produits abîmés;

ménages ➜ achats en trop grande quantité, produits périmés, restes de repas.

Également disponible dans:
N° 2 - Décembre 2023
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