Grâce à ses bus nautiques électriques à hydrofoils, MobyFly a été nommée Pionnier technologique 2023 par le World Economic Forum. De quoi donner des ailes à cette jeune entreprise et accélérer l’envol de ses embarcations écologiques.
Il y a quelques mois, un bateau électrique sur foils effectuait son premier «vol» sur le Léman, au départ du Bouveret. Développé par la société valaisanne MobyFly, ce drôle d’engin à l’allure futuriste pourrait bien révolutionner la mobilité nautique. Sans bruit, sans vagues, sans odeur et sans émissions, il a d’ailleurs permis à l’entreprise valaisanne d’être nommée technologie pionnière 2023 par le World Economic Forum (WEF).
MobyFly, c’est d’abord la rencontre d’une entrepreneure, d’un quintuple champion du monde de planche à voile et d’un ingénieur en génie civil et informatique. Leur ambition commune? «Mettre la technologie de l’hydrofoil au service du transport de masse afin de décarboner la mobilité au fil de l’eau», résume Sue Putallaz, CEO et cofondatrice de l’entreprise. Une innovation à point nommé, l’Union européenne s’étant en effet engagée à réduire de 55% les émissions dans le domaine des transports d’ici à 2030, afin d’atteindre le net zéro en 2050. «Un ferry classique de 300 passagers consomme jusqu’à 2100 litres de mazout par heure à haute vitesse», rappelle-t-elle. «Et avec plus de 2 milliards de passagers par an, cette industrie pèse aussi lourd que le transport aérien.»
Les foils, ce sont ces bras rétractables placés sous la coque et qui se comportent comme les ailes d’un avion. Avec la vitesse, ils s’abaissent et génèrent une portance soulevant le bateau au-dessus de la surface de l’eau. Les frottements étant alors très limités, celui-ci se déplace à vive allure – il a atteint 74km/h lors des tests le Léman –, et ce, en consommant 70 à 95% d’énergie de moins qu’une embarcation traditionnelle. Les hydrofoils de MobyFly seraient même l’un des moyens de transport les plus efficaces en termes de consommation d’énergie par passager, celle-ci étant inférieure à la consommation d’un vélo électrique roulant à 45km/h.
Le modèle testé avec succès sur le Léman est un 10m pouvant embarquer 12 passagers. MobyFly propose également des embarcations de 20 et 30m, pouvant transporter respectivement 60 à 120 passagers et 300 à 350 passagers. Pour l’heure, la navette volante est propulsée par des batteries électriques offrant une autonomie de 140km et pouvant être rechargées en un peu moins de 40 minutes sur des bornes standard pour véhicules électriques. Une technologie de piles à combustible est par ailleurs en cours de développement.
Ces engins rapides, silencieux et non polluants intéressent d’ores et déjà plusieurs opérateurs de flottes de transport de passagers en Europe, et les premières unités de préproduction seront disponibles dès le second semestre 2024. «Notre solution est économiquement rentable afin de désengorger le trafic pendulaire dans les agglomérations situées au bord de l’eau, tout en minimisant l’impact sur l’environnement», ajoute la CEO. En effet, les embarcations de MobyFly permettent de proposer non seulement une alternative décarbonée à la route et au rail, mais aussi une mise en service beaucoup plus rapide et bien moins coûteuse que la construction de nouvelles infrastructures routières ou ferroviaires. Une fois relevés, les foils permettent de naviguer dans 50 cm d’eau, ce qui permet en pratique à ces bateaux de manœuvrer dans n’importe quel port lacustre, fluvial ou maritime.
Les verra-t-on bientôt sillonner les lacs suisses? Une chose est sûre, ces vaisseaux futuristes ne sont pas de la science-fiction!
PHOTOS: MOBYFLY